3 coups de coeur pour la rentrée

Topo d'un été littéraire et réflexions pré-automnales.

Camera Obscura
4 min ⋅ 09/09/2024

Cet été, j’ai lu plus que ce que je ne pouvais l’imaginer, en sachant que j’avais deux petites bambin-e-s accrochées à mes jambes en quasi permanence. Mon attention a tenu le coup et, malgré les distractions, pleurs et sollicitations en tout genre, j’ai -parfois- réussi à me concentrer plus de 15 minutes d’affilée. La preuve que l’esprit peut, dans certains cas, développer une sorte de cellule de survie dans laquelle se réfugier en faisant fi de ce qu’il se passe autour, lui permettant de développer sa propre petite vie, tranquille, à côté du chaos. Bref, j’ai lu 3 livres qui en plus, valent la peine d’en parler. Edition littérature only, en avant !

3 lectures d’été

Au menu, une biographique à la sauce “people”, du classique et de la fiction historique. Pour tous les goûts, donc.

1 - Jackie et Lee, de Stéphanie des Horts

2 - L’insoutenable légèreté de l’être, de Milan Kundera

3 - Aminata, de Lawrence Hill

Pour mon ordre de préférence, renversez simplement l’ordre des numéros, mais je préfère garder le meilleur pour la fin !

Jackie et Lee, de Stéphanie des Horts

“Randolph Churchill les surnomme les “chuchoteuses” parce qu’elles sont toujours collées l’une contre l’autre avec un sourire de connivence et se confient leurs secrets dans un souffle. Un souffle de petites filles modèles”.

La biographie de Jackie Kennedy et sa soeur Lee est aussi légère et acidulée à la lecture qu’un nuage de barbapapa, parfaite pour des vacances sans prise de tête. L’auteur y retrace la vie de l’iconique Jackie Bouvier, épouse de John Fitzgerald Kennedy et ensuite d’Aristote Onassis - on la connait aussi sous le nom de Jackie O. Parcours entremêlé à celui de sa soeur Lee, rivale dans biens des domaines mais complice éternelle. Le récit déstabilise en passant extrêmement rapidement sur certains évènements marquants, comme l’assassinat de J.F. Kennedy, et en s’attardant sur des détails pouvant paraître futiles, comme certaines fêtes ou déjeuners avec d’autres célébrités, mais ce procédé permet de cerner, sans doute beaucoup mieux que les biographiques “classiques”, le personnage aussi cruel que fantasque qu’incarnait Jackie Kennedy. Et d’apprendre à connaître Lee, cette soeur souvent oubliée mais d’une beauté renversante, au parcours tout aussi chaotique et sulfureux. Un petit bonbon à lire sous le soleil (ou sous un plaid) sans culpabiliser.

L’insoutenable légèreté de l’être, de Milan Kundera

“Il semble qu’il existe dans le cerveau une zone tout à fait spécifique qu’on pourrait appeler la mémoire poétique et qui enregistre ce qui nous a charmé, ce qui nous a émus, ce qui donne à notre vie sa beauté.”

On s’attaque à tout à fait autre chose avec ce roman philosophique devenu culte depuis sa parution en 1984. Et non, on n’est pas dans la philo poussiéreuse mais dans un genre moderne, souvent cru, versant parfois dans l’absurde, mais qui offre de puissantes réflexions sur l’amour, la vie et le sens qu’on lui donne, la politique, le courage. L’histoire repose sur les personnages de Thomas, médecin et libertin à ses heures perdues et de Tereza, serveuse un peu “paumée”. Leur couple se fait et se défait, se mêlant à d’autres personnages secondaires, sur un fond de contexte politique complexe - l'invasion de Prague par les Russes - avec toutes les implications qui en découlent. Je ne cache pas qu’il faut s’accrocher par moments pour continuer, certains passages n’ayant n’y queue ni tête (pour le lecteur moyen, l’auteur ayant certainement un agenda bien précis de signification derrière chaque phrase), mais avec le recul, c’est une lecture dont je me souviendrai.

Aminata, de Lawrence Hill

“Je serrai les dents et regardai, au dessus des eaux, tous les gens de mon peuple attachés dans des canots, qu’on poussait et bousculait pour qu’ils montent sur une longue planche installée le long de la coque du bateau. Je me retournai pour voir mon pays. Des montagnes se profilaient dans le lointain. L’une d’elle imitait la forme d’un énorme lion. Mais toute la puissance de cet animal était emprisonnée dans les terres. Le lion ne pouvait rien faire pour nous qui voguions sur l’eau.”

Mon vrai coup de coeur, c’est lui. Brique de plus de 600 pages, je viens tout juste de le terminer et il m’a plongée dans un bien triste univers qui m’était relativement inconnu : celui de la traite des esclaves au 18ème siècle. Inspiré de faits réel mais basé sur le personnage fictif d’Aminata, le récit extrêmement bien écrit (même si traduit), détaillé et tout aussi passionnant nous emmène à travers le globe aux côtés d’une femme incroyable de courage, d’honnêteté et de résilience. Enlevée, petite, dans son village d’Afrique pour être emmenée en tant qu’esclave en Caroline du Sud, elle traverse une vie jalonnée de deuils, de souffrance mais aussi d’entraide et de victoires. Poignant, parfois sanglant, ce livre ouvre les yeux sur un pan de l’histoire dont on ne nous parle pas toujours assez en tant qu’européens, et marque par la leçon de vie que chacun pourra en tirer.

En route vers l’obscurité

J’avais appelé ma newsletter camera obscura, et bien nous voilà dans le thème. Les jours raccourcissent, la météo s’affole et le moral en prend un coup, c’est bel et bien la fin de l’été. Mais il y a tout de même des raisons de s’en réjouir : soirées cosy au coin du feu, retour des raclettes, potirons et champignons des bois, liste au père Noël (oui oui)… et j’en passe. Et puis avec une bonne lecture, on peut s’évader loin et ça fait du bien !

Dur dur de tenir la cadence d’une newsletter, même une par mois, mais je m’accroche à ce projet qui me tient à coeur. A ceux qui ne lisent pas : ne fuyez pas (encore), il n’y aura pas uniquement de la lecture dans les prochaines éditions ! N’hésitez pas à partager si cela vous a plu !

Belle journée,

Marie

Camera Obscura

Par Marie-Sophie Petit

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