Peut-on vivre libre ?

Pour la reprise de cette newsletter après 3 mois de pause estivale, je vous propose une édition spéciale centrée sur le thème de la liberté, abordé aux journées émergences auxquelles j’ai eu la chance de me rendre le week-end dernier.

Camera Obscura
4 min ⋅ 30/09/2025

Les journées émergences, c’est un peu un Ted Talk orienté bienveillance, philosophie et réflexion sur le monde actuel. Une journée rythmée par des conférences, de la musique, et même un peu de yoga en interlude (imaginez 1500 personnes prendre la posture de l’arbre dans la magnifique salle du Bozar à Bruxelles). Suivie par une matinée de méditation, le dimanche, pour ceux qui souhaitent terminer le week-end en toute sérénité. Y étaient présents cette année le moine bouddhiste Matthieu Ricard, la philosophe Pascale Seys, le neuroscientifique Albert Moukheiber, ou encore le philosophe Alexandre Jollien, parmi bien d’autres, pour une journée intense d’écoute, de réflexion et d’inspiration. J’en suis ressortie la tête en ébullition, et l’envie de partager cela avec vous. 

Liberté collective vs individualiste 

Peut-on vivre libre ? Quand on pense liberté, on pense souvent d’abord à soi. Je suis libre, je fais donc ce que je veux, quand je le veux. La fable de la Fontaine, le loup et le chien, démontre que la liberté choisie, même si inconfortable, vaut mieux que le confort subi et aliénant, nous rendant servile par rapport à un maître. Le maître pouvant être un proche, un employeur, une institution. La liberté tend à nous rendre individualiste car les autres ont eux, tendance à nous contraindre. J’ai moi-même beaucoup de difficulté à trancher sur ma préférence entre une vie au bureau, avec des collègues, des récompenses (teambuilding, reconnaissance, salaire), ou une vie d’indépendante plus solitaire. Je suis curieuse à ce sujet de découvrir le livre de Lauren bastide, “Enfin seule” qui a l’air de faire l’apologie d’une solitude choisie et savourée.

Pour la philosophe Pascale Seys par contre, on se réfère trop souvent au concept moderne de liberté individuelle. Quand les grecs anciens considéraient qu’être libre, c’était pouvoir participer à la vie active de la cité, en opposition à ceux qui n’en avaient pas le droit (libertas = qui n’est pas esclave). Si aujourd’hui nous avons, dans nos sociétés modernes, tous la chance d’avoir des droits, nous avons tendance à ne même plus nous y intéresser (taux de vote en chute libre) pour se replier sur notre nombril et finalement, se retrouver face à une perte de sens.... A ce sujet, Pascale nous a recommandé le livre de Pascal Chabot, un sens à la vie

Etre libre, c’est s’empêcher 

Chacun aura, de toute façon, sa propre interprétation de la liberté, mais on peut se demander à quoi bon être libre si c’est pour se couper du monde ? Je trouve que cette réflexion s’applique particulièrement bien aux temps que nous vivons aujourd’hui. Comme Mathieu Ricard le propose, ne pourrait-on pas être libres ensemble, plutôt que libres les uns contre les autres ? Etre libre, c’est s’empêcher, a dit Camus. C’est donc aussi peut-être, s’empêcher de blesser, de suivre des pulsions malfaisantes (barbarie, envie, jalousie, médisance), d’être paresseux…au profit du choix d’actions vertueuses.

L’appel de l’algorithme

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Camera Obscura

Par Marie-Sophie Petit