Des contenus sur le courage, la résilience et l'audace.
Ces derniers temps, j’ai fondamentalement envie d’authenticité, de revenir vers moi-même et de résister à la peur. Car j’ai toujours eu peur. Du regard des autres, de ce qu’on va dire, penser, chuchoter. Même si c’est sûrement le cas de beaucoup de monde, c’est un sentiment très isolant car on se sent très seul dans sa peur. Qui d’autre pour comprendre, ressentir aussi bien cette chape de plomb qui s’abat sur nous, cette obscurité qui engloutit nos pensées, qui deviennent sombres et négatives : je n’y arriverai jamais, je suis nul(le), untel(le) fait beaucoup mieux que moi, on ne m’aime pas (assez). Les réseaux sociaux exacerbent encore davantage cela.
Au moindre post ne récoltant pas assez de réactions ou au premier commentaire hargneux, la confiance si durement acquise diminue en flèche. Et même si l’eau a coulé sous les ponts depuis les débuts des réseaux, même si on est censés être “éduqués” à ceux-ci et savoir que finalement, cela importe peu et que l’algorithme est lui, le vilain dans l’histoire, la crainte d’un mauvais accueil est toujours là. Je parle pour moi et peut-être pour d’autres, mais j’avoue que je n’ai toujours pas acquis la confiance nécessaire pour me détacher entièrement de ce regard foudroyant, jugeant et sans appel, celui de l’autre - l’autre étant souvent celui qu’on ne connaît pas, ou peu, ou plus, car les proches ont - généralement- cette bienveillance qui donne au contraire courage et espoir.
Bref, j’aimerais aujourd’hui résister à cette peur car elle immobilise, fige les projets, annule les ambitions, cristallise les rêves. J’aimerais retrouver cette flamme qui s’est peut-être un peu éteinte au gré des coups bas de la vie, j’aimerais oser, avancer, tout pulvériser (oui, oui).
Sur ces réflexions, je vous parle aujourd’hui de deux livres qui m’ont accompagnées ces dernières semaines et que j’ai beaucoup appréciés. Ils parlent chacun de courage, de résilience et d’audace à leur façon.
Des diables et des saints, de Jean-Baptiste Andrea
Les déracinés, de Catherine Bardon
Ensuite, niveau audiovisuels, je reviendrai sur The Brutalist que j’ai vu et adoré et le podcast Beau voyage que je viens de découvrir.
Bonne lecture !
Ce livre, c’est une rencontre, de celles dont on se souvient longtemps. Il m’a fait de l’oeil dans une librairie, je l’ai pris, reposé et repris, le petit mot du libraire ayant achevé de me convaincre qu’il était peut-être fait pour moi. Et heureusement car, quelle claque ! Dans le bon sens du terme. Je pense pouvoir dire que cet ouvrage figure maintenant parmi mes livres favoris, tant il m’a émue, tant ses personnages étaient attachants, et le décor réaliste, alors qu’il s’agit d’une fiction inventée de toutes pièces.
Joe, un adolescent issu de la bourgeoisie, virtuose au piano, est laissé orphelin à la suite d' un accident d’avion. Le récit nous présente d’abord un Joe vieillissant, jouant du piano dans les aéroports et gares, pour on ne sait qui, on ne sait quoi. Un retour en arrière permet de suivre Joe dans ses pérégrinations à l’orphelinat, ses amitiés et amours, la difficulté de cette vie d’internat forcé, sans parents, sans remparts, à devoir se (re)construire tout seul. Enfin, pas entièrement, car des orphelins, il y en a d’autres, et c’est de leurs étincelles qui jaillira la beauté. J’ai été conquise par l’écriture de Jean-Baptiste Andrea, surtout connu pour Veiller sur Elle (prix Goncourt 2024). Jean-Baptiste est un vrai virtuose des mots et décrit subtilement, poétiquement et avec une justesse rare les états d’âmes de cet adolescent qu’on se surprend à ne plus vouloir quitter lorsque les dernières pages s’annoncent. Les personnages secondaires sont eux aussi, extrêmement réalistes et travaillés, si bien qu’on se sent nous aussi, faire partie de la vie de cet orphelinat le temps de la lecture. M’évoquant par endroit le Grand Meaulnes ou encore l’Attrape-Coeurs, j’ai tout aimé et je vous le conseille puissance 1000 !
Autriche, 1930. Wilhelm et Almah tombent amoureux et font évoluer leur histoire dans le faste de Vienne : concerts, beaux vêtements, luxe d’un foyer offert par leurs parents à leur mariage. Mais le contexte se détériore et c’est la déconvenue voire même, la descente aux enfers pour ces Autrichiens d’origine juive. Ils finiront par s’exiler où le vent les mènera, c'est -à -dire en République Dominicaine afin d’y construire une colonie. Ce roman, inspiré de faits réels - car il y a bien eu une colonie juive en République Dominicaine - lève le voile sur des événements assez méconnus de la seconde guerre mondiale et nous confronte à la difficulté de tout abandonner, de se jeter dans l’inconnu, et d’affronter le pire, tout en conservant foi en la vie et le bonheur. J’ai beaucoup aimé ce livre plein de détails et dont l’écriture agréable se déroule facilement, même si le suspens et les événements les plus marquants de l’histoire se situent au début et à la fin, le milieu révélant quelques longueurs. L’histoire s’étale sur de longues années et permet d’avoir accès à un large périmètre historique, depuis les prémices de la guerre jusqu’à la création de l'État d’Israël en 1948, tout en plongeant tête la première dans l’histoire d’amour de Wilhelm et Almah et leur quête effrénée d’un bonheur perdu.
Petit aparté : je n’ai pas réussi à aimer Wilhelm et Almah comme j’ai aimé Joe dans Des diables et des Saints. J’ai pu être empathique pour eux, mais je ne me suis pas fondamentalement attachée à eux. Je me demande à quoi se joue l’attachement aux personnages dans les livres, et quelles ficelles tirent les auteurs de ceux que l’on aime le plus. C’est là toute la magie de la littérature : donner vie à un personnage créé de toute pièce à qui le lecteur parvient à s’attacher comme à un ami cher à son coeur.
Si vous les lisez, je serais curieuse d’avoir votre avis !
J’aime tellement me réjouir très fort à l’idée d’un bon ciné et de découvrir enfin le film dont on m’a tant parlé. J’avais très envie de voir The Brutalist quand il est sorti, je l’ai raté et j’ai enfin pu le voir tranquillement à la maison. Ce film, malgré qu’il soit long, est superbe. Pour en profiter pleinement, je l’ai regardé en deux fois, comme deux épisodes d’une même série car 3h35.. c’est long ! Adrien Brody est un acteur légendaire à mes yeux et performe encore une fois extrêmement bien en architecte exilé aux pulsions aussi dévastatrices que son talent n’est grand. Suite à la guerre en Europe, Laszlo Toth doit fuir aux Etats-Unis en laissant sa femme, ses projets et sa renommée naissante pour tout recommencer à zéro, sans toit ni argent. Le film retrace sa lente renaissance, semée d’embûches, de coups bas, et de personnages peu bienveillants, d’autant plus que Laszlo est constamment rattrapé par ses addictions. Inspirée par l’histoire des architectes et autres talents ayant dû fuir l’Europe dans les années 30-40, le film est fictionnel mais se base sur l’émergence du mouvement architectural Brutaliste qui a connu une grande popularité entre 1950 et 1970. Le récit a aussi certainement été influencé par l’histoire de Marcel Brauer, architecte Hongrois ayant lui aussi, émigré aux Etats-Unis.
Beau voyage interviews des voyageurs à priori ordinaires qui ont vécu - ou vivent - des aventures extraordinaires. Entre expatriés, philosophes, journalistes, organisateurs de voyage ou voyageurs par passion, j’ai d’abord écouté l’épisode avec Alix Petit, la fondatrice de la marque Heimstone, qui parle de son expatriation récente à Dubaï. J’ai adoré cette interview qui lève le voile sur les questionnements avant de se lancer pour de bon, les différences fondamentales entre la vie Dubaïote et européenne et les motivations d’Alix derrière ses choix de vie tranchés et assumés. N’étant pas partisanne de la vie à Dubaï pour autant, j’admire énormément son courage de faire ce qui lui semble bon de faire pour sa famille au-delà de ce qui est souvent attendu tacitement (avoir un CDI, acheter sa maison et y rester tout en payant gentiment ses impôts). Quand je parlais de ne plus avoir peur, c’est ce genre de profil qui me donne le plus de courage et d’envie d’entreprendre.
Je me réjouis d’écouter les épisodes avec Julie Andrieu, Peggy Frey, Charles Pepin ou encore Marie Robert.
Et voilà, c’est fini pour aujourd’hui. J’espère vous avoir appris ou donné envie de lire, écouter, ou regarder l’une ou l’autre de mes recommandations !
A bientôt,
Marie