Restons légers

Un podcast qui donne faim, un film tout en douceur, un livre transformateur.

Camera Obscura
5 min ⋅ 15/04/2025

Bonjour à tous,

On se rapproche déjà de la dixième édition de cette newsletter et si pour certains, cela ne veut pas dire beaucoup, pour moi cela signifie que depuis presque dix mois, je me mets consciencieusement à la tâche et je garde le cap ! Etre constante étant l’un de mes défis principaux (appelez-moi girouette), je me devais de m’auto-congratuler.

Il y a un véritable “boom” de newsletters en ce moment, je ne compte plus les posts des influenceuses et autres annonçant leur lancement sur Instagram, signe selon moi d’une part de la méfiance grandissante envers les réseaux sociaux américains, d’autre part d’une envie d’intimité, de bienveillance avec sa propre communauté, et puis bien sûr le fait de s’approprier sa propre base de données sans devoir compter sur un algorithme fallacieux pour être vu par les personnes qui nous suivent. 

De mon côté, loin (trèèèès loin) d’être influenceuse, je vois cette newsletter comme mon petit carnet que j’aurais laissé traîner quelque part, au vu de tous. Libre à qui le souhaite de l’ouvrir pour découvrir mes derniers écrits et découvertes. En même temps, cela me permet de mettre de l’ordre dans mes idées, de comprendre pourquoi j’ai apprécié ou non ce que j’ai pu lire ou regarder. Le bénéfice d’écrire est toujours mutuel.

Pour le menu d’aujourd’hui, je reviens sur deux lectures, un film, une série et trois podcasts. Rien de lourd à digérer, que du léger ! 

Lire

Kafka sur le rivage - Haruki Murakami  


Certains livres nous font évoluer, et celui-ci en est un pour moi. Le récit raconte l’histoire de Kafka, un adolescent fugueur qui est parti du domicile familial pour voyager seul, sans but précis. Il sait seulement où il doit aller mais il ne sait pas pourquoi, ni qui l’attend. Même combat pour Nakata, un vieillard illettré et pas très intelligent (de ses dires), qui est attiré par une destination sans avoir aucune idée de la raison qui l’y conduit. N’est-ce pas une métaphore de la vie, pour beaucoup d’entre nous ? Nous faisons les choses sans toujours savoir pourquoi, nous prenons des décisions, voyageons, nous lions avec d’autres personnes sans être pour autant maître de notre destin car jamais nous ne savons ce qui nous attend le lendemain.  

Nakata et Kafka sont deux protagonistes particulièrement attachants et Murakami nous emmène dans son univers onirique progressivement, si bien qu’à la fin, il est difficile de percevoir ce qui tient du rêve ou de la réalité - comme souvent dans les livres de Haruki Murakami. J’ai adoré ce roman qui m’a entraînée dans une réflexion personnelle, en marge de celle de Kafka, sur mon identité, la notion de bien et de mal, le courage, mais aussi pour le dépaysement total qu’il m’a apporté. Les personnes connaissent une puissante transformation au cours du récit et j’ai presque eu la sensation d’être transformée, moi aussi. N’est-ce pas le but ultime de la lecture ? Alors, foncez, si vous êtes prêt à être bousculé dans vos certitudes et ouvert aux situations qui sortent de l’ordinaire. 

Votre santé optimisée - Emilie Steinbach  

J’adore les livres “modes d’emploi” qui m’aident à vivre mieux, à optimiser de mauvaises habitudes et apprendre à prendre soin de moi. Alors quand j’ai entendu parler du nouveau livre de la biochimiste Emilie Steinbach, j’ai foncé l’acheter. Je dois l’avouer, je connaissais déjà pas mal des aspects évoqués (jeûne intermittent, bénéfices de la douche froide, premier repas protéiné…), mais Emilie explique les atouts de ces pratiques avec des mots simples et accessibles, ce qui achève de nous convaincre ou de nous motiver à les essayer. Personnellement j’ai besoin qu’on me dise les choses pour les faire, un peu à la manière d’un coach, et j’ai maintenant une petite voix le matin qui me dit d’attendre un peu (il faudrait 12H entre le repas du soir et le petit déjeuner au minimum) avant de manger, de bouger davantage et de ne pas craquer pour cette pause sucrée. Alors merci Emilie pour ce condensé de bonnes pratiques de santé, qui ne peut que nous faire du bien. 

Sur ma liste de lecture : 

  • Je viens de commencer la Leçon de Grec, de Han Kang. Encore dubitative, je suis admirative de la langue et de la poésie mais je ne suis pas encore tout à fait rentrée dedans. 

  • Les fantômes du vieux pays, de Nathan Hill. Après avoir lu Bien-être, je me devais de découvrir le premier roman de l’auteur, celui qui a lancé sa carrière et dépeint une fresque des Etats-Unis depuis 1968. 

  • Désenchantées, de Marie Vareille. On m’a conseillé ce roman sur l’amitié qui m’évoque le style de Valérie Perrin, entre légèreté et émotions. 

Regarder

Severance

Cette série est un ovni indispensable à votre culture télévisuelle. Un casting parfait, un univers visuel hyper cohérent, un scénario ultra bien ficelé et bien sûr, complètement addictif. Tout commence avec un mot : dissociation (severance en anglais). Mark Scout, le protagoniste principal, est dissocié en deux personnes différentes, tout comme ses collègues. L’un mène sa vie personnelle, l’autre n’existe que sur son lieu de travail. En d’autres mots, grâce à une puce implantée dans leur cerveau, Mark et ses congénères ne savent rien de leur vie au travail, qu’ils oublient dès la porte de l’ascenseur franchie. Et Mark au travail ne sait, lui, rien de sa vie personnelle. Ce n’est pas tout bien sûr : la société qui les emploie, Lumon, semble appliquer des pratiques extrêmement douteuses dans ses activités. Et ne parlons pas d’essayer de démissionner… 

J’étais dubitative au vu du pitch, n’étant pas friande du style Matrix, Black List et autres contenus de science fiction, mais j’ai rapidement changé d’avis. Les personnages sont extrêmement humains et attachants, certaines scènes méritent le titre d’anthologie, et même si la frontière entre ce qui est réaliste ou non est ténue (cfr l’univers de Haruki Murakami), la série pose des questions tout à fait pertinentes et actuelles sur l’équilibre entre la vie privée et la vie professionnelle, sujet sans fin qui nous taraude tous. Malgré le malaise ressenti par moments, on rit aussi, et surtout on meurt d’envie de savoir la suite. La série est sur Apple TV. 

Past Lives

Un genre complètement différent pour ce film fait de douceur, de poésie et d’esthétisme. Past lives raconte la vie de deux jeunes adultes qui se sont connus enfants et dont les chemins se sont séparés à cause d’un déménagement. L’un est resté en Corée (pays de production du film), l’autre est partie à New York. Mais le lien qui les a unis un jour ne s’est jamais complètement brisé. Le film revient sur cette complicité qui résiste à tout, à la frontière entre amour et amitié, pose la question des choix que l’on fait, de l’éloignement, des possibles qui nous sont offerts et parmi lesquels il nous faut se mouvoir. Le film est lent mais on ne s’ennuie pas (je n’en revenais pas lorsque j’ai vu l’écran de fin), la photographie est belle, lumineuse, la musique nous emporte doucement. Un pur moment de détente, de mélancolie et de réflexion sur les relations à nos proches, sans nécessairement que la géographie et le temps soient de notre côté. 

Ecouter 

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Camera Obscura

Par Marie-Sophie Petit